Capture et réutilisation du CO2 des brasseries : une solution innovante pour la réduction des émissions industrielles

Une innovation dans la gestion du CO2 provenant de la fermentation des bières

Pour répondre à la nécessité de diminuer l’impact environnemental de la production brassicole, une méthode de captage du dioxyde de carbone (CO2) extrait lors de la fermentation a été mise au point. Initialement développée à la demande d’un vigneron, cette technologie vise à valoriser un sous-produit qui, jusqu’à présent, était généralement relâché dans l’atmosphère, contribuant ainsi à la pollution. La cave de vinification génère en effet une quantité importante de CO2 pendant la période de fermentation du raisin, qui dure environ quatre semaines.

Une solution mobile pour le recyclage du CO2 dans l’industrie locale

Face à l’intérêt économique limité d’acheter un système fixe pour une courte durée, la start-up Circea a conçu un modèle de captage de CO2 portable, susceptible d’être partagé entre différentes entreprises. À cet effet, une collaboration a été initiée entre la brasserie La Nébuleuse et l’entreprise vinicole de la famille Schenk, basé à Rolle. Ce dispositif mobile permet la récupération de 90 à 95 % du CO2 émis lors de la fermentation, représentant environ 40 tonnes par an pour la brasserie.

Le potentiel d’économie circulaire et d’impact environnemental

Selon Jean-Valentin de Saussure, cofondateur et directeur de Circea, cette technologie offre la possibilité de réinjecter directement le CO2 dans les processus de production, contribuant ainsi à une démarche d’économie circulaire. Actuellement, en Suisse, les émissions fossiles (issues de la combustion d’énergies fossiles et de l’industrie) atteignent environ 3,7 tonnes par personne en 2023. La récupération locale de CO2 pourrait également permettre de réduire la dépendance aux sources extérieures, souvent fossiles, pour les boissons gazeuses ou autres applications industrielles.

Les enjeux d’une démarche durable et ses perspectives d’évolution

Ce projet s’inscrit dans une approche multidimensionnelle, englobant des enjeux sanitaires, environnementaux et économiques. Kouros Ghavami, cofondateur de La Nébuleuse, souligne l’intérêt de valoriser un coproduit que l’on relâche habituellement, ce qui représente un défi en termes de développement durable. Le système permet de stocker jusqu’à 800 kilos de CO2 par semaine, soit environ 40 tonnes par an, une capacité modeste face aux 40 millions de tonnes de CO2 émises annuellement en Suisse. Néanmoins, ces initiatives s’inscrivent dans une démarche pionnière visant à expérimenter et à étendre le captage dans d’autres secteurs, comme celui de la gestion des déchets ou des incinérateurs.

Par exemple, la ville de Zurich prévoit de capter le CO2 produit par un incinérateur de boue d’épuration, tandis que le projet à Renens a bénéficié d’un financement de 130’000 francs, majoritairement pris en charge par le canton de Vaud. Ces initiatives illustrent la volonté d’accroître la filière du captage de CO2 dans un contexte où la lutte contre le changement climatique reste une priorité.

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