Une initiative populaire veut contraindre Berne à reconnaître l’Etat de Palestine

Un comité national de 26 membres réunit des personnes issues de la société
civile, des juristes et plusieurs élues et élus de gauche. Le soutien formel des
partis PS et Verts doit encore être formalisé.

“Le Conseil fédéral ne fait pas son job, parce que la position officielle de la
Suisse a toujours été la solution à deux États. Mais le Conseil fédéral refuse
de faire le pas et d’aller vers cette reconnaissance. Donc, l’initiative
populaire est là pour donner cette reconnaissance par le processus démocratique
suisse”, explique dans le 19h30 l’avocat et conseiller national Raphaël Mahaim
(Vert/VD), membre du comité d’initiative.

Concrètement l’initiative veut faire inscrire dans le marbre de la Constitution
l’obligation pour le gouvernement de franchir ce pas. “Si la reconnaissance de
l’État de Palestine est acceptée par le peuple et les cantons, le Conseil
fédéral adresse au Secrétaire général de l’ONU et à l’Assemblée générale des
Nations unies une déclaration en ce sens dans un délai de trois mois”, précise
le texte.

POSITION SUISSE JUGÉE ATTENTISTE

La semaine passée devant l’assemblée générale de l’ONU à New-York, plusieurs
pays ont franchi le pas, mais le Conseil fédéral a maintenu que, pour sa part,
toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour une reconnaissance de
l’Etat palestinien, préalable à la mise en œuvre d’un plan de paix à deux états
avec Israël.

Les manifestations de rue et les appels solennels de plusieurs personnalités à
revoir cette position jugée attentiste sont restés lettre morte jusqu’ici. C’est
ce qui a décidé les initiants à se lancer, surtout après l’échec le mois dernier
devant les Chambres fédérales d’une initiative cantonale genevoise exigeant la
reconnaissance de l’Etat de Palestinien, balayée par le Conseil des Etats par 27
voix à 17.

>> Lire aussi : Ignazio Cassis: La reconnaissance de la Palestine est “un levier
qu’il vaut mieux utiliser plus tard”

Mais avec la guerre qui fait rage et l’urgence sur le terrain, est-ce vraiment
la bonne réponse? Le conseiller national PLR Laurent Wehrli en doute: “Le
problème d’une initiative c’est son traitement et la durée de son traitement, ce
n’est pas avant cinq ou six ans qu’elle sera forcément soumise. Je pense qu’il
est très compliqué de faire de la politique étrangère par le biais de la
Constitution, justement en regard du temps que cela prend”, estime celui qui est
aussi président de la Commission de politique exclusif sur la politique
étrangère et que l’initiative pourrait buter sur ce principe.

Du côté des initiants, Raphaël Mahaim reconnaît qu’il s’agit d’une forme de
première mais que c’est le bon et le seul moyen de parvenir à une position
claire de la Suisse. Sur la lenteur du processus, il relève qu’il “faut avoir
l’humilité de dire aussi qu’on n’a pas de solution sur le très court terme pour
les atrocités qui sont commises aujourd’hui à Gaza. Mais on pense à moyen et
long terme. La seule solution pour préserver l’existence même de la Palestine,
c’est cette solution à deux États. Et c’est ce que nous faisons ici avec cette
initiative populaire en Suisse.”

Les initiants, eux, sont prêts à passer à l’action. Un site internet
est déjà en ligne pour amorcer la récolte des
100’00 signatures nécessaires, qui va pouvoir débuter le 14 octobre, jour de la
publication de l’initiative dans la Feuille officielle fédérale.

Ludovic Rocchi

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