Banques suisses et durabilité : des engagements en progression mais des défis persistants

Le 23 septembre 2025, l’ONG Reclaim Finance publiait une analyse portant sur l’activité de 65 grandes banques entre 2021 et 2024. Le constat principal est que le financement des énergies fossiles est deux fois supérieur à celui dédié à la transition énergétique. Dans le classement, les établissements américains et canadiens ont accordé quatre fois plus de financements aux énergies fossiles qu’aux renouvelables. Mais qu’en est-il des banques suisses ?

L’émission On en parle a interrogé 15 établissements : UBS, Raiffeisen, PostFinance, Banque Migros, Cler, Valiant, Banque Alternative Suisse et les banques cantonales romandes. Tous ont accepté de répondre à plusieurs questions sur leurs engagements en matière de durabilité.

Engagements des banques suisses: un cadre en évolution

À l’exception de Valiant, les banques interpellées participent à des initiatives en faveur de la transition climatique. La Net-Zero Banking Alliance (NZBA), lancée par les Nations unies en 2021, est la plus connue mais se retrouve aujourd’hui en suspens : après l’action de banques américaines et britanniques, UBS a quitté l’alliance début août. Il ne reste plus que deux banques romandes dans la NZBA : la Banque Cantonale Bernoise (BCBE) et Raiffeisen.

Les banques cantonales de Berne et de Vaud figurent en tête avec neuf initiatives ou alliances climatiques chacune. Presque toutes font partie de Swiss Sustainable Finance, une plateforme regroupant banques, gestionnaires d’actifs, ONG, institutions académiques et autorités publiques pour promouvoir la finance durable.

Objectifs et niveaux d’ambition

La majorité des banques se fixent des objectifs de neutralité carbone à horizon 2050 et prévoient des réductions intermédiaires d’ici 2030. Cependant, les ambitions varient fortement, allant de -25 % à -70 %, selon le type d’émissions et le secteur concerné.

Toutes les banques, à l’exception des banques cantonales de Neuchâtel et du Valais, appliquent des politiques d’exclusion, généralement fondées sur des normes internationales. Sont typiquement exclus les secteurs du charbon, des énergies fossiles et des armes controversées. Néanmoins, certains établissements tolèrent financer une entreprise si celle-ci tire une part limitée de ses revenus de ces secteurs (par exemple 5 %).

Pour consulter, on peut se référer au guide WWF 2024 sur le classement des banques de détail en Suisse.

Regards d’experts et limites des labels

Vincent Kaufmann, directeur de la Fondation Ethos, rappelle que « dans la finance, la plupart des labels ne sont pas contraignants ». Dans l’émission, il souligne que les banques affichent des ambitions positives, mais leur mise en œuvre dépend des institutions et des règles locales. Il est également noté que dans certains pays de l’Union européenne, les évolutions sont plus rapides qu’en Suisse.

Investissements durables : rentabilité et accompagnement client

Les banques interrogées déclarent former leurs conseillers et conseillères sur les questions climatiques. Des modules adaptés existent selon le secteur d’activité — prêts hypothécaires, placements ou crédits.

Lors des échanges avec les clients, certains conseillers questionnent sur la tolérance à la perte de performance au nom de la durabilité. Les responsables affirment toutefois que des fonds durables bien gérés peuvent offrir des performances ajustées au risque équivalentes à moyen et long terme à celles des fonds non durables. À titre d’exemple, éviter l’investissement dans l’armement peut, à long terme, ne pas pénaliser la performance.

Participants radio : Isabelle Fiaux, Melvin Ongaro et Delphine Sage. Adaptation web : Myriam Semaani.

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