Des groupes indépendants quittent Spotify : une initiative symbolique face au modèle du streaming

Des départs ciblés d’artistes indépendants

Plusieurs groupes indépendants, parmi lesquels King Gizzard & the Lizard Wizard, Deerhoof, Xiu Xiu et Massive Attack, ont annoncé ces dernières semaines qu’ils ne souhaitaient plus figurer sur Spotify. Il ne s’agit pas d’un exode massif, mais l’annonce a surpris certains observateurs.

Raisons évoquées : éthique et modèle économique

Parmi les motifs avancés figure le lien souvent évoqué entre le PDG de Spotify, Daniel Ek, et Helsing, une société allemande active dans l’armement et fondée en 2021, qui développe des technologies militaires basées sur l’intelligence artificielle et livre notamment des drones. Il est aussi mentionné que Daniel Ek aurait agi comme investisseur et soutien stratégique pour Helsing.

Le groupe Deerhoof a adressé une prise de position publique : ‘Nous ne voulons pas que notre musique tue des gens’.

Par ailleurs, d’autres artistes critiquent le modèle économique de Spotify, jugé défavorable aux musiciens moins connus.

Un regard sur la visibilité des artistes

Spotify demeure la plateforme de streaming la plus vaste, avec environ 700 millions d’utilisateurs et une part de marché autour de 30 %, et elle constitue un levier important pour la visibilité des artistes. Ceux qui s’éloignent de la plateforme peuvent y perdre en visibilité. Le montant total des revenus pour les artistes reste un sujet de débat, car le système pro rata répartit les paiements en fonction de la popularité et des écoutes relatives à une période donnée.

Pour Spotify, ces départs actuels représenteraient probablement une tempête dans un verre d’eau. Même si des noms majeurs comme Drake ou Beyoncé quittaient la plateforme, l’impact resterait limité. Le pouvoir serait surtout lié aux accords avec les trois grands labels : Sony, Universal et Warner.

Le poids des maisons de disque et leur éventuel levier

Les trois grandes maisons de disques détiennent les droits d’exploitation d’environ 70 % du catalogue musical mondial. Si elles retiraient leurs titres de Spotify, la plateforme subirait une pression considérable. Néanmoins, il est peu probable qu’elles prennent une telle décision, car elle mettrait en péril une source de revenus majeure.

Les chiffres montrent que les musiciens gagnent en moyenne 0,3 centime par écoute. Spotify a enregistré des pertes historiques jusqu’en 2023, et 2024 marque la première année bénéficiaire, mais les profits importants ont longtemps été réalisés par les labels et non par les artistes individuels.

Des gestes qui portent un message, sans bouleverser le paysage

La décision de groupes tels que Massive Attack peut être perçue comme un signal éthique fort, mais elle ne suffit pas nécessairement à provoquer des réformes structurelles si les grands opérateurs restent liés au modèle actuel.