Intervention policière pour maîtriser un soulèvement dans un centre accueillant des jeunes femmes à Münsingen
Contexte et description des événements survenus au foyer Lory
Au cours de l’automne dernier, les professionnels encadrant le foyer Lory, situé à Münsingen (BE), ont fait face à une situation particulièrement complexe. À leur arrivée, ils ont constaté de nombreuses dégradations : sols inondés et souillés, papiers et livres dispersés, toilettes endommagées, ainsi que des inscriptions injurieuses sur les murs. La veille, une jeune résidente avait provoqué une crise en s’enfermant dans les sanitaires, et le lendemain, un différend lié au repas a dégénéré en un véritable soulèvement. Face à cette escalade, le personnel éducatif a dû se replier, laissant l’intervention à une équipe policière d’une douzaine d’agents en tenue spécialisée, qui a pu rétablir l’ordre.
Profil du foyer et augmentation des situations au profil complexe
Le foyer Lory, disposant de 28 places en hébergement fermé et semi-ouvert, est destiné à des adolescentes dès 13 ans et à de jeunes femmes jusqu’à 22 ans considérées parmi les plus difficiles à encadrer en Suisse alémanique. Le centre enregistre ces derniers mois une montée des dossiers présentant des profils plus complexes. Plusieurs membres du personnel ont rapporté une intensification du climat de violence au sein de l’établissement. Depuis l’hiver, certaines éducatrices auraient été confrontées à des menaces, y compris à l’aide d’armes improvisées telles que couteaux ou morceaux de verre, selon des informations publiées par le “Tages-Anzeiger”.
Absence de soutien psychiatrique adapté
En juillet, cinq plaintes ont été déposées auprès de l’Office de la jeunesse du canton de Berne. Elles évoquent non seulement des actes de violence parmi certaines pensionnaires, mais aussi des difficultés liées à la gouvernance interne et à la prise de décisions au sein du foyer. Les critiques dénoncent une surcharge structurelle importante. Une éducatrice souligne : « De plus en plus de jeunes filles présentent des troubles psychiques importants, mais le foyer ne bénéficie pas d’un personnel psychiatrique adéquat. » Cette situation conduit à un dépassement des capacités du personnel éducatif.
Mesures prises et panorama plus large sur la délinquance féminine
Selon la direction du foyer, plusieurs erreurs ont été reconnues, mais des actions correctives sont en cours, notamment le recrutement de spécialistes expérimentés dans le domaine psychiatrique et le renforcement des formations destinées aux équipes.
Plus largement, les experts rapportent que ces problématiques ne se limitent pas au foyer Lory. Sur les cinq dernières années, les condamnations impliquant des jeunes femmes ont augmenté de 25 %, un rythme supérieur à celui observé chez les hommes (17 %). Par ailleurs, la criminalité violente chez les filles, bien que restant inférieure à celle des garçons en termes de fréquence, aurait aussi connu une hausse d’environ un quart. Plusieurs spécialistes insistent sur une détresse psychologique croissante et un déficit de places disponibles pour des prises en charge thérapeutiques adaptées. Benjamin Brägger, expert dans ce domaine, met en garde : « En l’absence d’évolution, l’avenir de ces jeunes pourrait être compromis. »