Surcoûts du F-35 : Stefan Holenstein estime qu’abandonner le programme face aux droits de douane serait une erreur
La facture des 36 avions de combat F-35 commandés par la Suisse s’annonce bien plus élevée que prévu. Le Conseil fédéral a confirmé mercredi que le montant total dépassera largement les six milliards de francs validés par les électeurs lors de la votation de 2020. Faute d’avoir obtenu un prix garanti des États-Unis, le surcoût attendu oscille entre 650 millions et 1,3 milliard de francs.
Un financement incertain et des options encore ouvertes
Pour faire face à cette augmentation, plusieurs solutions sont envisagées par le Département fédéral de la défense (DDPS). Parmi elles figurent la demande d’un crédit supplémentaire auprès du Parlement ou une réduction du nombre d’avions achetés. Le conseiller fédéral en charge de la Défense, Martin Pfister, a mis en place un groupe de travail, dont les propositions sont attendues d’ici la fin novembre. Lors de sa conférence de presse, il a appelé à accepter cette réalité budgétaire.
Une réaction critique du monde militaire
Stefan Holenstein, président de la Fédération des sociétés militaires suisses, considère cette situation comme un nouvel échec de la Confédération. Interrogé jeudi par la radio RTS, il a déploré que la Suisse n’ait pas obtenu de conditions plus favorables. Selon lui, la responsabilité ne repose pas uniquement sur la position américaine, mais aussi sur la préparation de la partie suisse. Il estime néanmoins qu’il n’existe pas d’alternative crédible au F-35 et qu’il convient désormais de corriger le tir plutôt que de remettre en cause le choix de l’appareil.
Un choix stratégique justifié selon Holenstein
Malgré les polémiques, le responsable militaire relève que le F-35 reste selon lui le meilleur rapport qualité-prix pour l’armée suisse. Il fait valoir ses performances techniques, mais aussi son large déploiement au sein des forces aériennes européennes, un atout majeur en termes d’interopérabilité avec les pays voisins. Holenstein estime qu’abandonner cet achat en réaction aux droits de douane américains de 39 % serait « inapproprié » et n’apporterait aucune solution concrète.
Débat politique et critiques internes
Certains partis à gauche continuent de réclamer l’arrêt du programme, invoquant non seulement les dépassements de coûts initiaux mais aussi des frais d’exploitation jugés lourds à long terme. Pour Holenstein, trouver un autre avion disponible sur le marché international ne constitue pas une option réaliste.
Responsabilités suisses évoquées
Le président de la Fédération des sociétés militaires considère qu’un manque d’anticipation a fragilisé les négociations avec les États-Unis, et évoque les décisions prises sous la direction de l’ancienne conseillère fédérale Viola Amherd, sans toutefois la citer directement. Il juge important pour la Suisse de maintenir sa crédibilité vis-à-vis de ses partenaires européens, ce qui passe selon lui par la poursuite du projet.
Enfin, il mentionne que réduire la commande, par exemple de 36 à 30 appareils, pourrait être étudié. Toutefois, une telle décision comporterait à ses yeux des risques non négligeables pour la sécurité aérienne nationale et, plus largement, pour la défense du pays.