Tensions à Katmandou : un étudiant suisse témoigne de la crise politique et sociale au Népal

Une immersion dans un contexte de crise à Katmandou

Le jeune étudiant tessinois Lorenzo, actuellement basé à Boudhanath, un quartier reconnu pour sa dimension spirituelle à Katmandou, partage son expérience face aux récentes violences qui secouent la capitale népalaise. Il décrit un environnement autrefois calme, marqué par la présence de nombreux monastères et du célèbre Grand Stupa, mais qui subit maintenant des bouleversements importants en raison des protestations massives en cours. Selon lui, cette zone gérée traditionnellement de manière pacifique voit désormais ses rues familières en proie à la turbulence.

Une escalade de violences et des dégâts importants

Les manifestations qui ont éclaté ces derniers jours ont entraîné la destruction de nombreux bâtiments, des incendies, et ont causé la mort d’au moins 19 personnes, selon les dernières sources. Le jeune homme indique que la Cour suprême aurait également été la cible des flammes dans ce contexte de tensions accrues. Ces troubles civils sont liés à une contestation de longue date contre la corruption et le népotisme, avec notamment la répression de l’accès aux réseaux sociaux, considérés comme un facteur déclencheur.

Des attaques contre l’infrastructure étatique et des personnalités politiques

Les protestataires ont visé plusieurs institutions majeures, comprenant le Parlement, la résidence du président, ainsi que des tribunaux et l’administration fiscale. La rédaction du quotidien Kantipur Post a aussi été attaquée et incendiée. Par ailleurs, des résidences privées appartenant à des responsables politiques ont été pillées et brûlées, avec des slogans dénonçant la corruption des élites. La maison de l’ancien Premier ministre Jhalanath Khanal a été spécialement ciblée, entraînant la mort de son épouse dans l’incendie.

Réponse militaire face à une crise majeure

Suite à ces événements violents et à la démission du Premier ministre Khadga Prasad Oli, l’armée népalaise a été déployée dans la capitale pour assurer la sécurité. Elle a effectué des patrouilles régulières, indiqué un couvre-feu, contrôlé les flux de véhicules et les mouvements des passants. Le déploiement militaire est une mesure rare dans l’histoire récente du Népal, où l’armée a généralement évité d’intervenir en dehors de ses casernes lors de crises. D’importants rassemblements de manifestants s’étaient concentrés autour de bâtiments officiels, puis avaient incendié plusieurs résidences de responsables politiques après des affrontements avec la police, qui a fait des victimes parmi les manifestants.

Une situation instable pour la communauté internationale et les expatriés

Lorenzo, étudiant international, et ses collègues se sentent en sécurité dans un monastère, mais restent sur le qui-vive. Il relate notamment une journée où, en pleine méditation, il a été enfermé dans un temple par précaution. Les établissements scolaires et universitaires ont suspendu leurs activités, et les vols ont été annulés, laissant le ciel vide de trafic aérien. L’étudiant a pris contact avec l’ambassade de Suisse et envisage d’accélérer son retour prévu initialement le 27 septembre. Malgré l’optimisme de certains habitants qui croient à une résolution rapide de la crise, l’incertitude demeure quant à la stabilité à court terme.

Une attitude résiliente face à l’adversité

Malgré les détonations, la tension constante et les affrontements, Lorenzo maintient une attitude calme et pragmatique. Il indique que, pour passer le temps, ils jouent de la guitare, se nourrissent et tentent de garder espoir. Alors que la situation reste fragile, il exprime une confiance prudente dans une amélioration prochaine, tout en restant conscient des risques actuels.

You may also like...